Le visiteur entre par l'image la plus triomphante de l'histoire du Technicolor : Liz Taylor filmée par Mankiewicz en Cléopâtre sur son char. Paradoxe : cette exposition consacrée aux reines d'Egypte s'ouvre par la dernière souveraine, qui n'est déjà plus égyptienne, mais grecque. Dont le personnage, gisement d'inépuisables emprunts, renvoie à un Orient dissolu, immortalisé par un suicide exécuté avec un sens aigu de la mise en scène : Ducommun du Locle, sculpteur du XIXe siècle qui se faisait appeler Daniel, la présente alanguie, offrant son bras au serpent. D'autres artistes préféraient trahir le récit de Plutarque pour la figurer mordue au sein, occasion de mettre en valeur une poitrine arrogante.
Fouille. Le mythe est posé, peut-il laisser place à l'Histoire ? «Non sans difficulté», avoue Christiane Ziegler. Pilier du département égyptien du Louvre, ayant dirigé la fouille de Saqqara, elle a quand même réussi, avec Marine Yoyotte, à réunir le plus grand nombre de chefs-d'oeuvre jamais rassemblés sur ce thème : près de 250, prêtés par les plus belles collections au monde. De Dietrich Wildung à Jean Yoyotte, le catalogue fait appel aux grands spécialistes de la période. Aucune exposition en France, cet été, ne rivalise en richesse. Certaines pièces n'ont jamais été montrées en Europe, ni même simplement prêtées.
Sortie. Un grand masque funéraire recouvert de feuille d'or semble si fragile qu'on se doute bien que c'est sa seule et unique sortie. Le sujet est séduisant,