Qui n'a jamais subi le récital d'une soprano ratée multipliant les fausses notes à un dîner de charité, ne sait pas ce que fou rire veut dire. Ces amatrices dont les rêves de sublime se brisent au contact du diapason, ont une mère spirituelle : Florence Foster Jenkins, entrée dans les annales le 25 octobre 1944. A 76 ans, celle qui s'était imposée comme un «personnage» de la vie musicale new-yorkaise en dirigeant plusieurs sociétés de mélomanes et en créant son propre Verdi Club, avait décidé de frapper un grand coup en louant le Carnegie Hall avec ses propres deniers pour y donner un concert qui prouverait enfin aux derniers sceptiques qu'elle était la plus grande voix de son temps.
Ce soir-là, aux abords de la prestigieuse salle de Manhattan, c'est la foire d'empoigne : 2 000 personnes restent sur le carreau. A l'intérieur, dès les premières secondes, les 3 000 spectateurs n'en croient pas leurs oreilles. Le live de cette performance, zébrée de hurlements de rire et d'applaudissements mêlés, fait partie des disques cultes de gens comme David Bowie qui attira notre attention dessus il y a des lustres.
L'annonce au début de l'été de la publication d'un DVD retraçant la carrière de Florence Foster Jenkins ne pouvait que réjouir les amateurs de ce personnage qui vivait dans Un monde à elle, titre du documentaire publié aujourd'hui. Composé d'images fixes, extraits musicaux et anecdotes racontées en off, ce film est une évocation réussie. Le fait qu'il n'y ait pas d