[Le dessinateur Siné est mort ce jeudi. En 2008, après avoir été viré de Charlie Hebdo, il avait créé Siné Hebdo. Nous republions un reportage dans les locaux de ce journal en train de voir le jour.]
La maison de Siné, à Noisy-le-Sec, vibrionne. Ça bosse sec dans la salle à manger, à dix jours du lancement de Siné Hebdo, le 10 septembre. Le numéro zéro vient d'arriver tout chaud de l'imprimerie. Seize pages en quadrichromie, dont la maquette est signée Siné, naturellement. «Bob» est momentanément indisponible, parti acheter du Tipex. Internet marche enfin. Guy Bedos doit passer vers 17 heures. L'ambiance sent à la fois l'artisanat et la marmite des grands jours, ceux qui voient naître de nouveaux canards.
Mercredi, Siné annonçait le lancement de Siné Hebdo, en écho à Siné Massacre cuvée 1962. L'été fut chaud. Viré avec fracas de Charlie Hebdo, sur une accusation d'antisémitisme (qu'il conteste), après une chronique le 2 juillet sur une supposée conversion au judaïsme de Jean Sarkozy, le caricaturiste a vu du monde rappliquer à sa rescousse. Une pétition (1) a recueilli à ce jour plus de 15 000 signatures. Alors, Siné, à près de 80 ans, a décidé de relever le gant. De propulser son propre hebdo, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Siné Hebdo sera «un canard qui ne respectera rien, n'aura aucun tabou, chiera tranquillement dans la colle et les bégonias sans se soucier des foudres et des inimitiés de tou