The Sky Crawlers, de Mamoru Oshii (Gost in the Shell) est un film d'animation hawksien centré sur une escadre d'aviateurs survolant un monde assez semblable au nôtre, plutôt années 50, mais où, détail futuriste non négligeable, une catégorie d'humains est condamnée à ne jamais vieillir. Techniquement époustouflant, le film, un poil longuet, est traversé de moments intenses à frémir : une fille demande à son amant s'il veut, preuve d'amour ultime, qu'elle le tue ? S'il n'est pas d'accord, il peut la tuer, lui ; elle, cela lui est égal.
Hier après midi, sur la plage du Lido, on pouvait voir un des membres de l'équipe d'Oshii, accroupi à même la plage, graver des idéogrammes dans le sable mouillé, que la mer ne tarderait pas à recouvrir - ce qui pouvait aussi bien vouloir dire «je vous aime», ou «allez vous faire foutre». Sa douce, protégeant sa peau sous une ombrelle comme on le fait à Tokyo, l'admirait, béate, en le photographiant, habillée comme au XIXe siècle. Pour un peu, on se serait cru dans un film de Varda : les Plages d'Agnès, par exemple, son tout dernier.
Numéro. Les Plages d'Agnès, où comment raconter sa vie tout en restant dans le vague - ou plutôt dans les vagues, de souvenirs. Les plages d'une vie, la sienne, plages du Nord (Belgique natale), plages de Sète (l'exode, Vilar, le TNP, la Pointe Courte), la plage de Venice Beach (Demy, l'Amérique, les années 68-70), puis Jacques Demy sur le sable, malade, à qui elle offre un p