Six ans après sa mort, Francisco Repilado, dit Compay Segundo a enfin une sépulture à son nom. Depuis juillet 2002, il reposait en effet, pour d'obscures raisons, sous une dalle anonyme, dans le carré militaire du cimetière Santa Ifigenia, à Santiago de Cuba. En juin, il a rejoint une tombe blanche décorée de fleurs de métal, et ornée de l'inscription «Las Flores de la Vida» (les fleurs de la vie, titre de son ultime album). Tout près de là reposent ses collègues Miguel Matamoros et Ñico Saquito, légendes du son cubain, car c'est ici, dans la deuxième ville de Cuba, qu'est née cette musique, matrice de la salsa qui s'est répandue à travers le monde. Santiago a aussi vu naître le rhum Bacardi, et fut le berceau de l'indépendance de l'île, dont le père, le poète José Marti, gît dans son mausolée à proximité. Mais ne nous attardons pas au milieu des tombeaux. Comme le chantait Miguel Matamoros dans les années 30, «aux morts appartient la gloire, les vivants, qu'ils dansent le son».
Et pour danser le son, nul endroit n'est plus indiqué que la Casa de la Trova, rue Heredia. C'est ici que bat le coeur musical de la ville. «C'est ma maison», explique Eliades Ochoa, avant de monter sur la petite scène. L'homme au chapeau noir, auréolé de sa participation à Buena Vista Social Club (8 millions d'exemplaires vendus, record pour un disque de world), plonge dans ses souvenirs. «Quand j'ai commencé à faire la manche de bar en bar, il y a cinquante ans