Menu
Libération
Interview

Galliano : « J’ai enfermé une créature fantastique dans un flacon »

Article réservé aux abonnés
A la tête de Dior depuis dix ans, l’excentrique couturier anglais lance un parfum à son nom. Il explique comment il a recréé l’essence d’une femme imaginaire qui l’obsède. Et revient sur les odeurs qui ont marqué sa vie : l’eau de toilette de son enfance à Gibraltar, les fish’n chips londoniens et les effluves de laque dans les coulisses des défilés.
publié le 6 septembre 2008 à 4h54

Un après-midi d’été, sous un ciel lourd, John Galliano reçoit dans son atelier du XXe arrondissement parisien. Une rue populaire mais passé le porche, un autre monde. Sous l’auvent du jardin à la japonaise, des brumisateurs diffusent les senteurs de son premier parfum pour femme, tandis qu’une armée d’assistants et de petites mains papillonnent, craignant l’orage. Le maître de Dior a investi cette ancienne fabrique de jouets, qui abrite la marque Galliano, depuis une dizaine d’années. C’est à l’étage, dans le vaste studio de création qui surplombe les salles luxueuses du rez-de-chaussée, avec canapés profonds et écrans géants diffusant en boucle le clip promotionnel de la fragrance (réalisé par Jean-Baptiste Mondino), que John Galliano, athlétique et bronzé, taquin et narcissique comme il se doit, se plie au jeu de l’interview. Avec un certain panache quand il livre aussi bien une analyse lucide du marché du parfum, raconte ses souvenirs d’enfance à Gibraltar ou se lance dans la description de sa salle de bains. Dans ce cabinet de curiosités, on note, c’est fait pour cela, les excentricités exhibées par le maître : un cheval de bois coiffé de pierreries, une sorte de bison empaillé, des dessins comme du linge accroché à un fil, une grande table recouverte de souvenirs et drapée de l’étendard anglais, une bibliothèque abritant des ouvrages sur ses artistes fétiches (dont Boldini et Brassaï) et dans une multitude de bocaux de verre, des rubans de velours, des bouts de soie et