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Critique

Les hommes-objets d’Erwin Wurm

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Un monsieur bien comme il faut qui coule, un autre tenu en laisse ou un troisième debout sur un cheval ... L’artiste autrichien a réinterprété les codes d’Hermès pour réaliser et exposer une série de sculptures et de portraits. Un dialogue entre l’habit et la posture masculine.
publié le 6 septembre 2008 à 5h00

Il faut remercier Erwin Wurm. L’artiste autrichien a réussi à décoincer le couple très sérieux que forment depuis quelques années l’art contemporain et la mode. Dans le projet qu’il a mené à l’initiative de Véronique Nichanian, directrice artistique d’Hermès Homme, aucune forfanterie ni déclaration d’intention pompeuse qui plombe souvent ce type de démarche. Pas de justification emberlificotée du style « le code génétique de la marque a toujours tourné vers la création » (un classique) ou de déclaration un peu coincée aux entournures émanant du créateur. Erwin Wurm, 54 ans, s’est fait remarquer durant les années 90 avec une série de voitures obèses (Fat Porsches) mais aussi par ses « One Minute Sculptures ». Des événements éphémères durant lesquels un modèle est invité à suivre un protocole dicté par l’artiste : se coucher sur des oranges, garder des champignons dans ses narines, poser sa tête contre le mur… Il présente ensuite ses « instructions pour devenir politiquement incorrect » ou photos à l’appui, il indique avec pédagogie comment faire pipi sur le tapis du salon au milieu d’un dîner mondain ou comment cacher une bombe dans son pantalon. Il traque aussi les tics de son milieu : « Be nice with your curator » (« Soyez gentil avec votre commissaire d’expo ») s’adresse à tous les artistes en vue. L’artiste reconnaît qu’il n’entretient pas un rapport particulier à la mode (« Je m’habille tous les matins sans y prêter une attention particulière »). Il est tout de même capa