«De l'art ou du cochon ?», ont dû se demander les policiers chinois qui ont censuré la performance du Belge Wim Delvoye, en ouverture de la Foire d'art contemporain de Shanghai : huit cochons tatoués, devant le bâtiment stalinien abritant la Foire. La censure a aussi frappé le stand du galeriste français Benamou, dont elle a exclu huit oeuvres, exaspérée par la statue des frères Gao, Ceci n'est pas Mao, figurant le Timonier à poil : c'est moins le salut SS qui a choqué que l'affront à un dirigeant vénéré. Une peinture de guerrier chinois baisant la statue de la Liberté a été disqualifiée. Idem pour plusieurs photos de Tian Taiquan, de la série Totem Recollection, mettant en scène des filles mortes, gisant nues, en uniforme déchiré de garde rouge, au milieu de pin's Mao.
Courroux. Plus curieux, une oeuvre évoquant poétiquement les âmes perdues a été jetée, son pendant très cru se voyant autorisé. En revanche, non sans âpre discussion, une des oeuvres de cette série, non dénudée, a reçu l'absolution (ont-ils remarqué qu'un filet de sang s'échappait du Petit Livre rouge ?). Quant au Cimetière des gardes rouges, où furent massacrés 500 de ces embrigadés de la Révolution culturelle, son marchand s'était vu refuser à l'exportation un visage de Mao paysager. Galerie Frèches, c'est une photo de piles de jetons de casino devant Shanghai qui a suscité le courroux. Avant la Foire, la galerie n'avait pas obtenu l'autorisation de faire venir une sculpture sur l