Comment vit-on la présidentielle américaine quand on est musicien à Nashville, capitale du Tennessee (sud-est, 600 000 habitants), ou Tucson, Arizona (sud-ouest, 500 000 habitants), villes démocrates au coeur d'États républicains ? Deux mois avant l'élection du 44e président américain, le 4 novembre, Kurt Wagner (de Nashville) et Joey Burns (de Tucson) étaient à Paris pour parler des nouveaux albums de leurs groupes respectifs, Lambchop et Calexico, de sortie.
Deux collectifs vétérans des rayons indie, qui abordent rarement la politique. Raison de plus pour évoquer avec eux, amis de longue date, ce moment crucial de l'histoire de leur pays, qui voit sa façon de vivre remise en cause par la crise énergétique et son armée embourbée en Irak. Questions concernant leur musique.
Comment avez-vous vécu les deux mandats Bush ?
Kurt Wagner (Lambchop) : Joey et moi n'avons pas choisi la musique pour en faire un relais pour nos points de vue politiques. Mais tout d'un coup, on n'avait plus le choix, et c'est très énervant d'avoir été placés dans cette position. Les gens ne viennent pas aux concerts me voir prêcher ; il y a des musiciens, comme Billy Bragg, qui font ça très bien, mais ce n'est pas mon truc. Mais, face à tout ce qui s'est passé ces dernières années, il était difficile de rester à ne rien faire. Ces sentiments se retrouvent donc dans ma musique d'une façon ou d'une autre parce qu'elle part de ma vie. Ce n'est pas explicite mais c'est bien là, dans le fond.
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