Menu
Libération
Critique

Un minimorceau de super Godard

Article réservé aux abonnés
publié le 16 septembre 2008 à 5h02

Le festival de cinéma de Vienne, en Autriche, mieux connu sous son sobriquet de Viennale, peut être fier de son joli coup : il vient de s'offrir les services de Jean-Luc Godard pour réaliser la bande-annonce de sa prochaine édition, qui aura lieu du 17 au 29 octobre.

Taches. Ce microfilm, baptisé Une catastrophe, suture sans effets mais avec précaution quelques images dérobées au Potemkine d'Eisenstein et à People on Sunday (Siodmak, 1930), le couplet d'une chanson d'amour allemande du XVIIIe siècle et quelques mesures de piano de Robert Schumann. D'autres bribes audio (match de tennis) ou visuelles (éclats de guerre) viennent jeter leurs taches, façon Jackson Pollock, sur ce tissu de cinéma déjà moiré. Mais tous ces éléments s'unissent sous la scansion du message glissé dans le film et qui vient s'écrire par fragments intermittents sur l'écran : «La catastrophe. C'est la première strophe. D'un poème. D'amour».

En une minute à peine, le cinéaste offre une réduction presque jivaro de son grand art du rapprochement : à la fois Jean-Luc-The-Dripper et Godard-Cisorhands, il persiste et signe dans la veine métaphorique de la juxtaposition dont il a formalisé les cadres avec ses Histoire(s) du cinéma.

Malgré sa brièveté et en dépit de sa nature sibylline, ce film-télégramme ressemble terriblement à son auteur. Une catastrophe est animé par ce double mouvement si caractéristique et contradictoire : le geste poétique à la fois primitif et savan