Si ce site-là ne cartonne pas, on ne pourra plus croire en l'économie de marché. Mais les risques sont faibles. Expliquons-nous. Eyeslipsface (1) vend des produits de maquillage à 1 euro. Tout : poudre, blush, vernis à ongles, rouge à lèvres, pinceaux, accessoires. Le site est plutôt élégant, les couleurs normales, les produits variés. A chaque fois qu'on le montre à une des femmes du bureau, c'est la même réaction de sidération devant les prix, ou plutôt devant «le» prix, puisque la colonne empile des 1. Et tout de suite, cette question : «Comment font-ils ?»
Conviction. On la pose à Frédéric Vanooremberghe, le patron de la société. Il résume :«Plusieurs éléments rentrent en compte : acheter des quantités phénoménales, rogner sur le packaging, baisser les frais de commercialisation en vendant sur le Net.» Et surtout, «se rendre compte qu'on est au XXIe siècle et que c'est fini d'appliquer des coefficients multiplicateurs de 5 ou 10 sur les prix.»
Ce constat, c'est le dogme répété de Scott-Vincent Borba et Joey Shamah, les fondateurs américains d'Eyeslipsface.com, la maison mère créée en 2004. Borba est un vieux briscard du maquillage à Hollywood, qui a créé en son temps sa propre marque de cosmétiques, Borba, et a contribué à lancer une firme de maquillages baptisée Hard Candy. Shamah était à l'époque à la fin de ses études de commerce, et à l'affût d'un bon business. Une rencontre de hasard les amène à parler de ce constat que Borba fait tous les jours à