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Libération
Critique

L'eurythmie Manset

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publié le 23 septembre 2008 à 22h25

Ce qui vieillit les chansons, ce sont les batteries. Gérard Manset en sait quelque chose, comme nombre de ses confrères ayant survécu aux années 1980 et 1990 - les pires, boîtes à rythmes et sons compressés de hi-fi «tunées». Quarante ans après Animal on est mal, 45 tours fondateur sorti en mai 1968 le même jour que la Cavalerie, le chanteur signe deux textes sur le dernier Julien Clerc et un nouvel album sous son nom.

Dans un cas, il se fait entendre, mélodie soignée et voix intelligible, notamment sur la Petite Fée, miniconte sans refrain. Dans l'autre, il revient à sa marginalité, voix défaillante, relevée par quelque feulement sur chambre d'écho et choeurs antiques d'Orion, paradoxe de l'autodidacte à faire se déplacer les murs du succès dans un sens comme dans l'autre.

Ces derniers temps, Manset est redevenu l'un des auteurs traits d'union de la chanson, de Birkin à Pagny, via Gréco, Lavil ou Indochine. Les artistes de variétés cherchent en lui une crédibilité. Manset ou l'alternatif populaire. Dans cette incompréhension qui ne demande pas à se résoudre, il plante le décor de son dix-neuvième volume. Le succès a validé une fois la démarche : Il voyage en solitaire. Sans batterie ne veut pas dire sans rythme, ni pulsation - là, piano électrique.

Fusain. Deux ans après Obok, CD semblant conjurer le kitsch d'orchestrations en se plaçant pourtant dans l'exact quiproquo de saxos et de guitares FM, Manset limite la casse, comme aidé d'un