Menu
Libération
Critique

Joe Bataan toujours battant

Article réservé aux abonnés
publié le 25 septembre 2008 à 22h32

Ce n'est pas un remake de West Side Story, ni la version latino de Gangs of New York que s'apprête à accueillir le Palais des Festivals de Cannes, mais bien une légende du bitume new-yorkais, en chair et en os. Dans le rôle principal d'une soirée visant à recréer l'ambiance des clubs de Spanish Harlem et du Bronx des années 1960-70, Joe Bataan incarne le cosmopolitisme effervescent d'une ville qui a tour à tour accouché du boogaloo, de la salsa et du hip-hop.

Au propre comme au figuré, ce retour sur scène de «Mr New-York» tient du miracle. «Mon coeur a toujours été latino, souligne en spanglish ce fils d'Afro-Américaine et de Philippin né en 1942. J'ai grandi dans le Barrio, avec la communauté portoricaine, et appris à survivre dans la rue. Mais je serais mort si on ne m'avait pas mis en prison à 16 ans.»

Pendant ses cinq ans de prison pour vol de voiture, le caïd des Dragons prend ses premières leçons de piano et forme à sa sortie The Latin Swingers, groupe de loubards, tous mineurs à l'exception de leur leader, pianiste, chanteur. Son style combine les modes afro et latin, cultivant une synthèse d'harmonies vocales doo-wop et de rythmes cubains gonflés de trombones agressifs.

Le boogaloo est né, et Bataan s'impose en figure de proue de cette expression emblématique des «Nuyoricans», concrétisant les rêves de crossover entre marchés noir et hispanique, notamment grâce à des reprises de tubes soul de Curtis Mayfield, Marvin Gaye ou Smo