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Libération
Critique

«Tartuffe» sur un divan

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Théâtre. Reprise à l’Odéon de la version de Braunschweig.
publié le 25 septembre 2008 à 9h02

Dans la mise en scène de Stéphane Braunschweig, créée au printemps dernier à Strasbourg (Libération du 15 mai), Tartuffe est l'histoire d'un effondrement, au sens littéral. Acte après acte, la maison d'Orgon s'enfonce et le plancher se dérobe sous les pieds des personnages qui finissent à la cave - au cachot, avant d'en être miraculeusement délivrés. Pourquoi Orgon s'entiche-t-il de Tartuffe au point de mettre en péril sa demeure ? Qu'est-ce qui motive son aveuglement et son intolérance ? La hantise du sexe, répond Braunschweig ; Orgon est un type que le désir obsède et terrorise. Et dont Claude Duparfait, tout étriqué dans son costume et son pull, tel un évangéliste planté derrière un petit étalage de brochures pieuses, donne une saisissante interprétation.

Ce tyran domestique falot trouve en Tartuffe un exutoire à sa névrose, et dans la chute de sa maison, une forme de jouissance. Nourrie de psychanalyse, cette lecture de la pièce ne se prend pas du tout au sérieux. Elle souffre d'un certain déséquilibre : Clément Bresson, qui joue Tartuffe, est un mince jeune homme sombre, aux antipodes du «gros et gras, le teint frais et la bouche vermeille». Mais sa présence génère une tension qui contribue à l'atmosphère de comédie noire du spectacle. Le reste de la distribution, où l'on retrouve de nombreux jeunes acteurs issus de l'école du TNS, n'a pas toujours la fluidité espérée. Mais la force du décor, l'intelligence des parti pris, la finesse de Claude Duparf