En prologue de Fantasio, le metteur en scène Denis Podalydès choisit de faire entendre Dupont et Durand, un poème satirique de Musset, où deux écrivaillons clochardisés confrontent leurs illusions perdues: «Que veux-tu ? Notre siècle est sans yeux, sans oreilles,/ Offrez-lui des trésors, montrez-lui des merveilles :/ Pour aller à la Bourse, il vous tourne le dos.» Pourquoi ce poème-là précisément ? Sans doute parce que les deux ratés sont des frères de Fantasio et Spark, les amis de la pièce, ivrognes et bouffons, lucides en boucle, déçus du monde et d'eux-mêmes.
Loin des badinages aimables, le Fantasio imaginé par Podalydès penche vers l'ironie noire. «C'est dans la voix de Claude Rich, raconte le metteur en scène (1), que j'ai entendu pour la première fois une réplique de la pièce. J'avais 18 ans, et dans cette voix fêlée, voilée, disant : "Comme ce soleil couché est manqué ! La nature est pitoyable ce soir…", j'entendis ce mélange de fantaisie, de légèreté et de détresse absolue qui a comme scellé mon goût pour l'œuvre.»
Fantaisie, légèreté, détresse : sa mise en scène vise tout cela. Trop sans doute. Le «charme» - qu'il invoque aussi -, ne se décrète pas. Dans le petit carrousel conçu par Eric Ruf, le spectacle s'enraie plus souvent qu'il ne s'envole, à la poursuite d'une grâce qui se dérobe. Podalydès n'est pas - encore - Strehler, Grüber ou Fomenko, as du clair-obscur, de la fêlure et du temps suspendu.
C'est aussi qu'il n'