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Lucha libre, ring parade

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En Californie, ce catch mâtiné de boxe, à l’origine pratiqué par les chicanos, conquiert la middle-class américaine, femmes comprises. Car sous les masques tragicomiques, chacun peut se défouler et choisir d’incarner le bien ... ou le mal.
par Tristan SIRIBOE
publié le 27 septembre 2008 à 14h38

(correspondance à Los Angeles) Californie du sud, un samedi soir. En quittant Los Angeles par la freeway 605, un chemin de terre mène au bout de nulle part : la banlieue de Pico Rivera. Une odeur de cheval, de la poussière. Une voix au loin, hurle en espagnol des noms qui suscitent des clameurs : «El grande Blue Deeeemmmon !», «El señor Santoooos !» Dans le Pico Rivera Sports Arena, stade à ciel ouvert, tout le monde connaît les noms des « luchadores » (« lutteurs »), ces hommes masqués, aux tenues extravagantes. Le stade est rempli quasi exclusivement de chicanos, des Américains d’origine mexicaine ou sud américaine qui constituent aujourd’hui 45 % de la population de Los Angeles. Parmi les centaines de spectateurs, quelques Mexicains ont traversé la frontière pour voir leurs héros lutter aux Etats-Unis. On boit de la Sol (bière mexicaine), le public harangue les lutteurs, certains portent leurs masques. « La lucha libre, c’est un sport national au Mexique », explique Liz Fairbairn, une trentenaire WASP au look intello, qui vient ici trouver l’inspiration pour les soirées-spectacle qu’elle produit, Lucha VaVOOM. La lucha libre mélange le catch américain (« wrestling »), la lutte gréco-romaine, la boxe et le karaté. Les premiers combats furent organisés au Mexique, en 1933, par un homme d’affaires, Salvador Lutteroth. Le sport a ensuite conquis la Californie – les hispanophones dans un premier temps, pour s’ouvrir peu à peu au grand public. El Chavo del Ocho arrive sur le r