Course-poursuite dans les travées, vraie-fausse spectatrice kidnappée sous les yeux ébahis de ses voisins de fauteuil : ce Dom Juan-là, créé en plein air en 2007 au festival d'Alba-la Romaine, a de quoi ravir les collégiens les plus réfractaires aux classiques. Et le metteur en scène Yann-Joël Collin s'y entend pour dépoussiérer le patrimoine en jouant avec la salle, lumières allumées.
C'est d'abord par le versant burlesque que Collin aborde la pièce écrite par Molière en 1664, dans la foulée du Misanthrope et de la querelle qui s'ensuivit. Libertin libertaire, son Dom Juan met avant tout la liberté de parole en jeu, défiant les conventions, y compris celles du théâtre. Une question qui gît au cœur de tous les spectacles montés par Yann-Joël Collin. D'où ces jeux incessants de part et d'autre d'un rideau rouge écarlate qui tient presque lieu ici de seul décor, assorti d'un ensemble de tréteaux légers qui, selon l'agencement, font aussi bien office de plateau pour la scène des paysans, à l'acte II, que de table de banquet à partir de l'acte IV. Ce mobilier se trouvera démonté pièce par pièce, à mesure que la situation du personnage s'aggrave.
Esthétiquement réussi, ce traitement un rien didactique de l’espace scénique a le mérite de fonctionner de bout en bout ; d’autant qu’il laisse toute la place aux acteurs. Cette fois, c’est avec la troupe de la Comédie de Valence qu’a travaillé Collin, sur une commande de la maison. S’il a trouvé en Vincent Garanger un fo