Contrairement à ce qu'on pourrait penser face à l'avalanche de chiffres qui nous tombe dessus dès le premier tableau, A Disappearing Number, du théâtre de Complicité, ne parle pas de mathématiques. Mais d'exploration de formes et de création. Et croise au moins deux histoires. Celle, dans un passé lointain, de Sriniva Ramanujan, génie mathématique inconnu qui vit pauvrement à Madras jusqu'à ce qu'un éminent professeur, un certain G. H. Hardy, l'invite à venir travailler à Cambridge. Et celle, plus proche de nous, d'Al, homme d'affaires américain d'origine indienne, amoureux de Ruth, mathématicienne britannique fascinée par la figure de Ramanujan.
La première scène est celle d’une conférence universitaire où l’énergique Ruth noircit le tableau de fractions assurément obscures pour le commun des spectateurs. L’instant d’après, on retrouve Al dans un taxi à Chennai, en compagnie d’Aninda Rao, physicien et conférencier qui est aussi le narrateur du spectacle.
Les événements s’enchaînent tambour battant ; passé plus ou moins lointain et présent s’entremêlent, et l’on reconnaît bien là le goût du metteur en scène Simon McBurney pour les dramaturgies en arborescence. Ainsi que son évident talent pour bâtir l’édifice, dans un geste d’une grande fluidité.
Au centre de la scène, un tableau - qui sert aussi d’écran et de sas entre les différentes époques. L’objet coulisse de manière latérale et verticale, les acteurs jouent devant, derrière, et se glissent en dessous pour basculer