Natte d’Indien et cravate de trader fatigué, John M. Armleder est l’un des 48 artistes, dont 15 de nationalité suisse, invités à Toulouse. Il ne cache pas sa joie d’être là, aux Abattoirs, dont il occupe sept salles avec ses peintures murales récentes qui servent de support à une série d’œuvres empruntées à trois musées de la ville, d’une tête de tricératops à une grenouille de Rebeyrolle. Cet artiste prodigue et ludique donne le ton de la nouvelle édition du Printemps de Septembre, titrée «Là où je vais, je suis déjà», et pilotée par Christian Bernard, directeur du fameux Mamco de Genève qu’il a lancé en 1994.
Chuchotement. C'est un Printemps déjà mémorable, dans l'histoire de ce festival de création contemporaine, qui s'accorde à donner vie à l'art, à son intimité, loin des sirènes du marché. Curiosité de cette année, un prolongement à Castres, au centre d'art le Lait (avec, entre autres, des dessins mystérieux d'Alain Huck), et des soirées nomades multipliées pour dorloter la jeunesse insomniaque.
Claude Lévêque est un homme rare. Un monde fou se presse à la maison éclusière pour découvrir son installation Rendez-vous d'automne. Un sol mou, tapissé de végétaux broyés ; un autobus immatriculé dans la Haute-Garonne ; des panneaux de signalisation à l'envers ; des chaises jaunes ; des fenêtres barrées par des matelas. Dans le bus tourne en boucle une chanson de Françoise Hardy, fredonnée par de vieilles dames : «Je la dois à mon oubli/ Cette larme sur ma joue/