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Libération

Le gang des postiches

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La Barbe, c’est leur affaire. Parce qu’elle est l’attribut masculin par excellence et parce qu’elles en ont assez de l’omniprésence des hommes dans les lieux de pouvoir. Ces féministes qui préfèrent la dérision aux longs discours, débarquent au Sénat comme dans les entreprises et dégainent boucs et barbiches devant des élus et des actionnaires ébahis…
publié le 25 octobre 2008 à 18h29
(mis à jour le 25 octobre 2008 à 18h29)

Sanglés dans leurs uniformes, les huissiers du Sénat sont embarrassés. Ils viennent d’arrêter une dizaine de personnes, qui, manifestement, sont des femmes, mais portent toutes sans exception des barbes. L’une arbore un collier roux et fourni, l’autre un fin trait noir, la troisième se prend pour Clark Gable, la suivante pour un Mousquetaire. Malgré la texture très moumoute des postiches, un des gendarmes, venu en renfort, en perd sa grammaire des genres. Homme ou femme ? Un simple carré de fausse fourrure brouille sensiblement la frontière entre les sexes… Dans son talkie-walkie, il transmet à son supérieur hiérarchique. « Heuhh… ils attendent calmement. » Il y a encore cinq minutes, ces femmes embarbées avaient profité de la journée du Patrimoine pour s’infiltrer dans l’hémicycle et adresser un discours de mise en garde contre « la féminisation de la société ».

Belle chevelure ondulée et joues à forte pilosité, Victoire, accompagnée de ses acolytes, grimpe à la tribune et se lance devant des visiteurs interloqués. « Malgré la résistance farouche de nos partis politiques, la loi pour la parité a déjà permis à trop de femmes de s’emparer de nombreux sièges, pervertissant ainsi, de l’humble mairie de village aux plus nobles assemblées, la solennité du mandat républicain. » A peine deux minutes plus tard, les huissiers délogent les usurpatrices et les remettent entre les mains de la police. « Mais pourquoi vous en prendre au Sénat, s’étonne un officier, il y a bien plus de femm