On le sait depuis David Lynch : il y a deux Naomi Watts. Celle qui, durant toutes les années 90, a attendu les rôles, couru les castings de façon désespérée. L’éternelle débutante qui voyait filer, années après années, les promesses de succès. Une jeune trentenaire anglaise, passée par l’Australie qui, après une décennie à Hollywood, pouvait présenter en guise de principal marchepied au succès une voix off dans Babe, le cochon dans la ville, la suite un tantinet décevante de Babe, le cochon qui parle.
Et puis, qui balaye d’une main ce cauchemar qui a duré trop longtemps, Naomi Watts l’actrice. L’héroïne découverte en 2001 avec Mulholland Drive : un film tombé du ciel, littéralement. Et surtout, un film qui, l’air de rien, avait décidé de la raconter elle, cette fille qui voudrait être actrice et qui, tout en jouant, ne l’est toujours pas. Lynch, en dévisageant la demoiselle sous un scanner psychanalytique délirant, en plongeant dans un labyrinthe neuronal dément, en découvrant l’hémisphère schizophrène qui sommeille en toute actrice, la fit éclore enfin. Lynch la regardait et la racontait à la fois, et ça prenait la forme de quelque chose de transcendantal.
Comme Lynch est malin, et qu’il sait que pour alerter le monde de la découverte, hic et nunc, de la perle rare, rien ne vaut un parfum de soufre, il mit en scène une longue pelle lesbienne, entre la blonde Naomi et son alter ego brune, Laura Harring. Un des plus longs baisers de l’