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Critique

Ron Arad, l’indiscipliné

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Design Sa signature, reconnaissable, est synonyme d’objets uniques et parfois extrêmement chers. Alors que le Centre Pompidou lui consacre une exposition-monographie, rencontre avec le créateur de 57 ans qui s’affranchit des genres et des conventions.
publié le 25 octobre 2008 à 18h29

Il existe une petite légende dont Ron Arad portera longtemps le chapeau, il a d’ailleurs toujours un couvre-chef vissé sur le crâne. Son « rosebud » de jeunesse, c’est la Rover Chair créée par cet Israélo-britannique de 31 ans, à Londres, en 1981. Ce siège, assemblage de tubes d’acier et d’un siège auto Rover 2000, relève du ready-made. En plein thatchérisme, cette pièce est vécue comme un symbole destroy, en résistance au high-tech dominant. Elle est vendue alors 99 livres. A travers les fenêtres de son atelier à Covent Garden, elle est lorgnée par un Français, qui en achète quelques paires. Ce client, c’était Jean Paul Gaultier, Arad ne le connaissait pas encore. La Rover file alors vers un petit succès, le mondillo branché des eighties se l’arrache. Rolf Fehlbaum, le patron de l’entreprise de mobilier suisse Vitra, remarque aussi ce signe à la croisée du design et de l’artisanat un peu punk. Question de prix. Aujourd’hui, à 57 ans, toujours installé à Londres mais avec une agence de 20 personnes, Arad cultive une belle allure de vagabond dandy – barbe-chapeau-tee-shirt-baggy, son identité graphique presque. Sourire narquois au coin des lèvres, en promotion pour l’exposition que le Centre Pompidou lui consacre à partir du 20 novembre, il conteste cette vision de ses débuts : « Cela m’amuse, mais jamais je n’ai adopté le parti du béton cassé, du ruinisme post-holocauste. La Rover était davantage liée à Marcel Duchamp, Picasso, Jean Prouvé. » En 2007, la Rover réapparaît, ma