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Libération
Critique

William Klein, peinture sur soi

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Prolongeant au pinceau le coup de crayon du photographe qui fait son choix sur la planche contact, Klein intègre dans la même image ses deux amours : la photo et la peinture. Pour « Next », il commente ses clichés revisités, exposés à Paris et rassemblés dans un livre.
publié le 25 octobre 2008 à 18h29

Il a eu 80 ans en avril. Ça ne se voit pas si on regarde son œil bleu malicieux vous scruter et son allure vestimentaire de jeune homme du Queens : jeans baggy et sweat à capuche. Ce qui déroute d’emblée quand on rencontre William Klein dans son appartement parisien, c’est qu’il rechigne à parler de ses photos. Mais on le comprend assez vite : ça n’est pas son genre ni son métier de commenter. Un peu provocateur cependant quand il demande en parcourant les photocopies de la future parution de son travail dans Next s’il aura le droit de recevoir gratuitement un exemplaire du magazine. Pour tester sans doute si, en face, il y a du répondant et de l’humour. Car William Klein, fils de juifs hongrois émigré aux Etats-Unis, aime bien les histoires drôles et adore qu’on le lui en raconte qu’il ne connaît pas. Ensuite, lui viennent en vrac quelques anecdotes de sa vie. Et notamment celle-ci. Quand il était gamin à New York avant guerre, il avait très peur de croiser certaines bandes de jeunes de son quartier, très occupés à glander sur les marches d’entrée d’un immeuble. Mais quand la rencontre avait lieu, le dilemme était soit de changer de trottoir, soit de serrer les fesses en passant devant les boys qui cherchaient au mieux la vanne, au pire la castagne : « Quand tu passais à leur hauteur les yeux baissés, ils te demandaient, façon De Niro dans Taxi Driver, “Tu regardes quoi là ?” Et si jamais tu répondais “Rien”, c’était l’engrenage qui pouvait finir en cassage de gueule : “Rie