Menu
Libération
Critique

Krach moral à la «City»

Article réservé aux abonnés
Théâtre. Cyril Teste met en scène une pièce angoissée de Richter sur la mondialisation.
publié le 28 octobre 2008 à 6h51

Un homme et une femme égarés dans le réseau mondialisé des mégalopoles. Un amour en jetlag permanent : Tom et Joy sont rarement sur le même fuseau horaire. L’espace et le temps sont ici des données particulièrement friables.

Aéroports. Electronic City, pièce du jeune et prolixe dramaturge de Hambourg Falk Richter, a été écrite en 2002 - le spectacle a été créé par Cyril Teste à la Ferme du Buisson en 2007 - mais son passage au théâtre Gérard-Philipe (centre dramatique national de Saint-Denis) coïncide on ne peut mieux avec l'actualité boursière. Krach est le mot qui revient le plus souvent et Tom est le typique représentant de ces hommes gris qui peuplent les grands aéroports, une main sur le téléphone portable, l'autre, sur le clavier de l'ordinateur.

«Welcome home», proclame un paillasson à l'entrée de sa chambre d'hôtel, ainsi qu'à chaque nouveau seuil qu'il franchit, puisque c'est la même boîte qui fabrique ces grandes chaînes d'hôtels dans le monde entier. Mais là, justement, Tom ne sait plus du tout où il se trouve, où il en est. De Rome à New York, en passant par Seattle ou Tokyo, partout le même stress, les mêmes buildings, la même standing business class, les mêmes chaînes pornos pour cadres lessivés.

Les personnages de Falk Richter évoluent dans des non-lieux, des zones de transit. «J'habite là mais ce n'est pas chez moi», martèle Tom, traversé par la sensation de plus en plus étrange de voyager sans bouger.

Si de krach il est beauco