Leçon de morale contre immoralité, c'est l'alternative rap du jour à l'affiche à Paris. Fer de lance du collectif Mafia K'1fry, le rappeur d'Orly Kery James, repenti du rap de rue depuis sa conversion à l'islam en 2000, essaie d'inculquer au public le respect des parents et le refus de l'argent facile, comme dans l'Impasse, sur son dernier album, A l'ombre du showbusiness. Et voilà qu'un maudit Québécois ruine depuis des mois tous ses efforts dans des vidéos diffusées sur Internet riches de slogans du style : «Cocaïno Rap Music, t'entends jeune pédé ?» ou «Il faut assurer le brille-brille» (bling-bling).
Phénomène. Le Roi Heenok, soit Heenok Beauséjour, 34 ans, d'origine haïtienne lui aussi, mais vivant à Montréal, est devenu un véritable phénomène sur le Net, faisant bien rigoler les banlieues françaises - chics comme «défavorisées». Le collectif Kourtrajmé (Kim Champion, Romain Costa-Gravas…) lui a même consacré un DVD : les Mathématiques d'Heenok.
Apparu en 2004 dans le paysage rap grâce à son site internet, ce grand gaillard, qui fait plus penser à Dingo qu'à Snoop Dogg, a pour leitmotiv de franciser toutes les expressions du gangsta rap américain et d'en surjouer les codes en les couvrant de ridicule au passage, ce qui n'est pas forcément un mal. Dans ses vidéos, il affiche armes à feu de gros calibre, kilogrammes de poudre blanche et liasses de billets empaquetées sous cellophane entourant son ventre et ses jambes : «Comme ça,