Albert Camus écrit les Justes en 1949, mais c'est en 1905 à Moscou, au sein d'un groupe de terroristes du parti socialiste révolutionnaire, qu'il place l'intrigue de sa pièce. Quatre hommes et une femme préparent un attentat à la bombe contre le Grand Duc Serge, oncle du tsar. Mais le jour dit, l'acte échoue. Dans la calèche visée se trouvent aussi des enfants dont la seule vue a fait flancher l'homme chargé de lancer la bombe.
Il s’en explique avec ses camarades, les contradictions affleurent et Camus donne voix au doute. Avec, en point d’orgue, cette interrogation centrale : le meurtre d’un seul est-il justifiable, dès lors qu’il vise à engendrer la justice et la liberté pour le plus grand nombre ?
Un questionnement qui n’a pas pris une ride. Las, difficile de comprendre ce qu’a voulu en faire le metteur en scène Gwénaël Morin, tant lui-même s’empêtre dans ses propres contradictions. Esthétique du pauvre déjà éculée, le dispositif scénographique à la Thomas Hirschhorn (avec qui Gwénaël Morin a travaillé) avec force rubans adhésifs faisant lien entre scène et salle, bataillon de néons et décor en carton laisse du moins supposer une mise à distance.
D’autant que le metteur en scène invente un sixième personnage, Didascalie, chargée de dire les indications scéniques, qui n’ont d’ailleurs pas grand intérêt, quand elle ne se révolte pas elle-même contre ce travail de l’ombre qui lui est assigné… Sauf que la direction d’acteurs (on hurle et on casse tout) est d’une littéra