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Analyse

Délation de famille

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Lors d’un colloque à Caen, des historiens contestent les clichés sur les dénonciations sous l’Occupation.
publié le 2 décembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 2 décembre 2008 à 6h51)

La délation n’est plus ce qu’elle était. La semaine dernière, au mémorial de Caen, une trentaine d’historiens réunis pour le tout premier colloque international sur «La dénonciation en France pendant la Seconde Guerre mondiale» ont livré du mouchard un portrait bien différent de celui que perpétue l’iconographie populaire.

Romans, films et surtout le livre du journaliste André Halimi, La délation sous l'Occupation (1983), ouvrage jusqu'alors référentiel sur ce thème, ont fait de la délation un phénomène massif, dirigé principalement contre les Juifs. Or il apparaît que la réalité fut autrement complexe.

André Halimi évoquait de trois à cinq millions de lettres de dénonciation, il semble qu’il n’y en ait eu «que» 150 000 à 500 000. Les dénonciations de Juifs ont été loin d’être majoritaires dans les mouchardages aux autorités allemandes. Par contre les règlements de comptes familiaux ont souvent été moteurs : une fille qui dénonce son père, un beau-père qui balance sa belle-fille, etc. Le tout sous les motifs les plus divers. Les femmes ne sont pas plus délatrices que les hommes ; les lettres étaient souvent signées : pas mal d’idées reçues tombent.

Regard plus scientifique.«Sur ce sujet, l'historiographie restait quasi nulle en France», résume l'organisateur du colloque, Laurent Joly. Ce chercheur au Centre de recherche d'histoire quantitative (Caen) voit plusieurs raisons à cela : la difficulté de l'accès aux archives, le fait qu'il y ait eu