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Libération
Critique

Malick Sidibé, l’élégant du mali

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Le photographe africain, célèbre pour ses portraits d’habitants de Bamako en costume occidental ou traditionnel, n’a jamais dérogé à son style : le noir et blanc, les imprimés, les poses à la fois guindées et charmantes. Une signature visuelle qu’a choisie la marque Pennyblack pour présenter ses manteaux…
publié le 6 décembre 2008 à 14h39

Comment se fait-il qu’un photographe malien de 72 ans, la malice intacte et la djellaba brodée, se trouve acoquiné à l’une des marques phares du prêt-à-porter italien, Max Mara, jusqu’à exposer dans un magasin milanais des images de jeunes filles de Bamako portant des manteaux Pennyblack – une parmi la vingtaine de marques du groupe ? La question fait sourire Malick Sidibé, rendu célèbre depuis le milieu des années 90 par une mémorable exposition à la Fondation Cartier parisienne (entre autres), puis honoré par des récompenses internationales (le prix Hasselblad en 2003, un Lion d’or à la Biennale de Venise en 2007), et qui, le crépuscule de la vie arrivant, trouve absolument délicieux d’être ainsi sollicité. « Voilà des années que je travaille essentiellement en dehors de mon pays ; des commandes et des expositions en Allemagne, en Suisse, en France, au Japon, en Italie ; alors qu’à Bamako, avec la vie moderne, les gens s’en fichent un peu de se faire photographier dans mon studio. » Baptêmes et mariages. Malick Sidibé, avant de se retrouver paré du qualificatif d’artiste à l’aune des critères occidentaux, fut pendant trois décennies l’un des meilleurs portraitistes d’un Mali joyeux et branché, à mille lieux des clichés misérabilistes dont on accable l’Afrique. D’origine peule, muni d’une formation de dessinateur et de bijoutier, il fut embauché par hasard dans un studio de Bamako, au milieu des années 50, par un photographe français surnommé « Gégé la pellicule ». A Gégé