Pour le philosophe, Yves Michaud, la crise financière nous oblige à sortir du mythe de la croissance heureuse et à revoir nos comportements. L’auteur de L’Art à l’état gazeux (édition Stock, 2003) souligne aussi que les répercussions du krach ont été immédiates dans l’art contemporain, contrairement aux précédentes crises. Yves Michaud vient de republier, avec un chapitre supplémentaire, son livre L’Artiste et les commissaires (Pluriel/Hachette littératures). Selon vous, la crise financière signe la fin d’un rêve. Lequel ? Jusqu’à la crise des subprimes à l’été 2007 et à la chute de la banque Lehman Brothers en septembre dernier, nous vivions dans le rêve d’une croissance euphorique, c’est-à-dire l’idée que demain serait forcément plus qu’hier. Maisons, actions, œuvres d’art, tout ce qu’on achetait devait prendre de la valeur. Cette croissance rêvée s’accompagnait d’un mode de vie basé sur toujours plus de consommation, de voyages, de tourisme et de luxe. Nous baignions dans une illusion financière et une richesse fictive reposant sur la valorisation toujours plus élevée des entreprises. La crise et l’effondrement de la Bourse nous ont brutalement ramenés à la réalité. Aujourd’hui, nous sommes obligés de compter sur ce que nous possédons vraiment et plus sur ce que nous croyions avoir. La crise économique va-t-elle changer nos habitudes forgées durant cette « croissance heureuse » ? Durant la bulle spéculative, les promoteurs construisaient des lotissements de plus en plu
Interview
« Nous baignions dans une richesse fictive »
Article réservé aux abonnés
par Cécile Daumas
publié le 6 décembre 2008 à 14h39
Dans la même rubrique