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Libération
Reportage

Vélos sound systems

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A New York, une bande de gamins originaires de Trinidad et Tobago s’est mise en tête d’installer des sonos géantes sur leurs bicylettes. En pleins Queens, les samedis après-midi se déroulent désormais au son de ces discomobiles pharaoniques. Reportage.
publié le 6 décembre 2008 à 14h39
(mis à jour le 6 décembre 2008 à 14h39)

Sur un coin d’établi du garage, Travis passe les ultimes panneaux de Plexiglas au chalumeau, pendant que Steven, 14 ans, et Andy, 17 ans, les autres membres du crew des Noise Makers s’affairent aux derniers tests sonores. A South Richmond Hill, enclave exclusivement trinidadienne et guyanaise du Queens (New York), ce samedi est un grand moment. Cet après-midi, leur nouvelle création (3 000 dollars et quelques nuits blanches d’investissement) va majestueusement prendre la route. Pour le coup, la maman de Steven, Indira, assiste à l’événement. Cette secrétaire médicale se saigne aux quatre veines pour aider financièrement le fiston et a choisi, dans ce quartier éloigné où les tentations de la rue sont autant de sirènes, de se sacrifier pour « quelque chose de créatif ». En l’occurrence, un vélo. Un BMX pas spécialement reluisant. Sauf que la bête est méconnaissable : deux énormes enceintes de basse font souffrir son pneu arrière malgré les roulettes d’appoint sur les côtés, tandis qu’à l’avant, un panneau en Plexi lardé de speakers plus modestes s’étale du guidon jusqu’à quelques centimètres du sol, ne laissant qu’un maigre passage pour le pneu.Aux commandes, le Laurent Fignon du jour, Steven, ajuste sa playlist depuis le lecteur de DVD devant lui. Le harnachement bringuebale dans la petite allée vers la 105e rue, les 200 kg de sa sono ambulante crachant à pleins watts un classique de dancehall, Sound Boy de Cutty Ranks. Entre l’exhibitionnisme du Plexi qui ne cache rien de l