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Libération

Un nouvel an endeuillé

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Le chanteur en tournée n’a jamais atteint sa destination.
publié le 27 décembre 2008 à 6h51

Hank Williams est mort le 1er janvier 1953, sur la banquette arrière d'une Cadillac bleu layette, modèle 49 décapotable, quelque part entre Knoxville, Tennessee, et Oak Hill, Virginie-Occidentale. Depuis cinquante-cinq ans, ses admirateurs font et refont le pèlerinage le long des presque 500 kilomètres de son dernier voyage.

L'unique témoin de sa mort s'appelle Charles Carr, un collégien de 19 ans, fan du chanteur. En cet hiver 1952, Hank Williams l'engage comme chauffeur pour une minitournée en Virginie et dans l'Ohio. Juste avant de quitter Montgomery, le 30 décembre, les deux hommes font halte chez le médecin pour que Williams reçoive une dose de morphine. Il souffre d'une malformation de la colonne vertébrale, spina bifida occulta pour la faculté, une fissure des lombaires considérée aujourd'hui comme bénigne mais qui lui vaut des douleurs atroces depuis l'enfance. C'est à cette infirmité invisible que l'homme doit sa dépendance à l'alcool et son étrange allure de vieillard de 29 ans.

Les températures exceptionnellement glaciales dans cette région du Sud et le mauvais état de la route contraignent les deux hommes à dormir à Birmingham, à moins de 150 kilomètres de leur point de départ. Ils prennent des chambres à l’hôtel Redmont, où une cohorte de filles aurait rendu visite à Hank Williams. Le matin du 31 décembre, peu après leur départ, ils sont pris dans une forte tempête de neige. Péniblement, ils atteignent Knoxville, où Charles Carr réserve un billet