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Daslu, chic ghetto à São Paulo

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Les clients de ce shopping bunker brésilien arrivent en hélicoptère et naviguent entre grooms, assistantes et soubrettes. Un temps inquiétés par la justice, les dirigeants de Daslu continuent de proposer du grand luxe à deux pas d’une favela. Comme un concentré des inégalités locales.
publié le 28 février 2009 à 17h27

Ici, pas d’entrée piétons. Pour accéder à Daslu, le magasin le plus luxueux du Brésil à São Paulo, le richissime chaland à bord de son véhicule blindé aux vitres teintées, doit d’abord longer une interminable allée menant à deux portails. Il doit ensuite attendre que le garde en uniforme actionne le bouton magique. Au pied du bâtiment carré en colonnades, vaguement inspiré de la Grèce antique, un voiturier en queue-de-pie et casquette l’escortera ensuite jusqu’à l’entrée. Les habitués du lieu ont droit à leur « dasluzette » personnelle. La dasluzette qui accompagnera le client dans son shopping, se reconnaît à l’harmonie de ses traits, à ses cheveux longs et brillants et à ses manières très raffinées puisqu’elle est en général issue de la haute bourgeoisie pauliste et fréquente les mêmes cercles que les clients. Accusations et non-lieu. Dans la ville brésilienne tout le monde connaît Daslu : ce bunker de l’hyper luxe aux allures de temple grec est le symbole outrageux de la disparité des richesses au Brésil. Célèbre, il l’est aussi par les affaires récentes de corruption qui ont, il y a trois ans, entaché sa réputation. En août 2006, après quatre ans d’enquête (nom de code « Narciso »), la police fédérale et le fisc brésilien ont accusé sept personnes de Daslu d’association de malfaiteurs, falsification de documents, contrebande, fraude et tentative de fraude à l’importation. Le ministère public a réclamé un temps une peine allant de 28 à 116 ans pour les mis en examen mais