La Néerlandaise
Pieke Bergmans, en quête d’imperfection
Depuis les années 90, le succès du collectif Droog Design a dessiné un profil de designer des Pays-Bas, voire un « Dutch concept » : où l’on trouve entremêlés humour, critique, recherche, artisanat, écologie et un rien de politiquement correct. On y range aussi bien la tricoteuse de mémoire Hella Jongerius que le joyeux baroque Marcel Wanders. Une des dernières créatrices apparues sur cette scène batave, c’est Pieke Bergmans. Née en 1978, elle a été formée à la Design Academy d’Eindhoven, le creuset de cette bande, et au Royal College de Londres. C’est en transmettant des virus au design qu’elle a contaminé le salon de Milan dès 2006. Avec la Vitra Virus particulièrement, un siège très élémentaire de Jasper Morrison dont l’assise est ornée d’une sorte d’urinoir en verre, la rendant sans usage, comme un ready-made duchampiste moqueur. Dans sa mallette aussi, les Light Blubs, des luminaires en cristal qui s’affalent comme des formes molles. Un « blub », c’est un « bulb » (une ampoule) qui s’est éloigné du droit chemin. Vases aléatoires. De passage à Paris, où elle exposait à la galerie Tools en 2008, elle expliquait son travail virulent : «Dans la production de masse, une forme unique est reproduite à l’identique, comme une cellule saine. » Mais pour Pieke, les produits doivent muter. Elle critique là l’histoire du design, la répétition, la production en série, le marketing. « Il n’y a pas deux individus semblables,