Longtemps, on lui a posé la question : « Il ouvre quand votre nouveau restaurant ? » Il répondait, de plus en plus las : « Dans six mois… » Mais au bout du compte, quatre ans. Quatre ans à planifier son déménagement d’une petite rue avec pizza et sex-shop pour voisins aux grands espaces de l’ancienne Compagnie Fermière sur le très chic triangle délimité par les rues du Parc, Wilson et Casino, en plein cœur de Vichy. Quatre ans de pourparlers entrecoupés de visites aussi régulières que stériles devant les grilles de l’immense bâtiment laissé vide depuis quelques décennies. Quatre ans d’atermoiements avec l’Etat, la région, la ville, les banques et, bien sûr, les incontournables fonctionnaires des non moins incontournables Monuments Historiques. De guerre lasse, on s’était presque habitué à ne plus descendre dans l’Allier. Et quand on se décidait enfin à prendre de ses nouvelles, le téléphone sonnait le plus souvent dans le vide. Comme si le silence était le dernier rempart à la souffrance d’un bâtisseur sans cathédrale, la dérive d’un cuisinier sans cuisine. « Vous n’imaginez même pas ce qu’on a souffert, dit aujourd’hui Jacques Decoret. Martine et moi avons laissé dans ce projet une énergie considérable qui va bien au-delà de la simple ouverture de restaurant. » Exagéré ? Même pas quand on connaît ce diable de Decoret. Né à la cuisine de ses passages chez les triplements étoilés Lorain, Troisgros, Passard et Marcon, il incarne sans doute plus que quiconque l’engagement du cu
Jacques Decoret Caliméro des fourneaux
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par Luc Dubanchet
publié le 28 février 2009 à 17h27
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