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Libération
Interview

Renzo Piano « Construire c’est comme traverser le far west »

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L’infatigable architecte bâtit un opéra à Athènes, deux universités aux Etats-Unis, une tour à Londres, avec chaque fois la volonté de bousculer l’ordre (technologique, environnemental ou social) établi. Mais à 71 ans, le coauteur de Beaubourg veut aussi transmettre ses passions constructrices à ses jeunes pairs dans sa «Bottega» génoise. Entretien.
publié le 28 février 2009 à 17h27

Quand il vous accueille dans son agence parisienne, rue des Archives, Renzo Piano tient d’abord à vous faire sortir dans la rue, pour montrer Beaubourg, qu’il « surveille toujours. Je n’ai jamais quitté le lieu du délit de ma jeunesse, c’était une provocation incroyable. » Puis il vous fait visiter avec gourmandise, comme un apéritif à la conversation, un petit atelier de fabrication, qui a pignon sur rue, tel le creuset d’un tapissier. Là sont fabriqués par de jeunes architectes des maquettes, des détails de bâtiments, des pièces à petites échelles. Aux murs, un musée vertical où sont accrochés ces prototypes, objets témoins. Renzo Piano, auteur avec Richard Rogers du Centre Pompidou, a évidemment beaucoup navigué depuis sur toute la planète, pour élever nombre de bâtiments, de la Méditerranée au Pacifique. Se décomptent : l’aéroport d’Osaka, le Centre culturel Jean-Marie Tjibaou à Nouméa, la Menil Collection de Houston au Texas, son agence de Gênes, la boutique Hermès à Tokyo, la Cité de la musique à Rome, deux tours à Sydney, un building pour le New Yorker, l’extension du Chicago Art Institute. Mais ce qui passionne ce jour-là cet Italien de 71 ans, c’est la fondation qu’il a créée en 2004, la Bottega ou « atelier », installée dans son agence génoise. Il reçoit douze étudiants par an pendant six mois, sélectionnés par des universités du monde entier. « Je les invite à la table de l’architecture, c’est là que l’on joue, que l’on souffre. » Pourquoi avez-vous eu envie de c