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Libération

Un parfum de César Birotteau

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publié le 28 février 2009 à 17h27

S’il n’est pas facile de définir la bêtise, c’est d’abord parce que chacun a tendance à choisir une définition un peu trop étroite, celle qui permet de s’en exclure. Le vers de Baudelaire la qualifiant par son front de taureau permet toutefois de penser qu’elle est de l’énergie mal placée : une activité aveugle, parfois brutale, souvent satisfaite et toujours inappropriée, en réponse à une situation, un événement ou un état servant à l’imbécile de chiffon rouge ou de chiffon d’or. Le 29 janvier, sur les marches de l’Opéra de Paris, de discrets et courtois évangélistes aux allures de fonctionnaires distribuaient leurs prospectus en attendant l’arrivée des manifestants. Ceux-ci étaient, comme on sait, au nombre de dix selon les uns, de dix millions selon les autres. Une information dite objective, en démocratie contemporaine, ressemble désormais à une double démonstration par l’absurde. D’une part, du fait que la presse affaiblie craint jusqu’à l’ombre des lecteurs qu’elle a perdus. D’autre part, de ce que les banques les plus sérieuses nous ont récemment rappelé (malgré elles et malgré nous), à savoir que les chiffres ne signifient rien, sauf pour ceux qui les subissent. Sur l’un des prospectus, de la taille et de la forme de ces petits plans de métro-bus distribués aux touristes, l’évangéliste suisse Josef Schmid annonçait que « L’heure vient ». Les mots, couleurs brique et vert, faisaient écho à une photo du Golden Gate enjambant la mer : l’ensemble avait une allure de dépl