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Usual suspects

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Elevé dans un gang de Los Angeles, Manny Jimenez en avait assez des gangsters de pacotille à l’écran. Il a donc eu l’idée de monter Suspect Entertainment, une agence de casting spécialisée dans le truand latino. Le vrai, le tatoué, qui sort de taule si possible. Et les gros dur sont en train de gagner le respect d’Hollywood.
publié le 28 février 2009 à 17h26

(envoyés spéciaux à Los Angeles) Le ton est celui de la conversation de bureau. Cesar Garcia, 37 ans, finit d’enfiler un immense pantalon Dickies bleu marine sous l’œil de son collègue Mike Manzo. « Dans ce genre de fute, on faisait un gros trou en bas de la poche pour transporter un fusil à canon scié », lâche-t-il badin. Mike acquiesce en expert, puis s’enquiert : « Vous sciiez aussi les .22 Long Rifle, non ? » Eclat de rire général. Tatouages en lettrage gothique, crânes rasés de près, fines moustaches, style baggy aux plis soigneusement marqués, ces gangsters latinos-là ont toujours l’attitude. Pourtant, ils ne feraient plus de mal à une mouche aujourd’hui. La violence, le deal, la taule, bref, le gang-banging dans leur quartier de Los Angeles, terminé, pour de bon. Un trait final qu’ils ont pu tirer en grande partie grâce à Manny Jimenez. A 36 ans, lui aussi est réformé de « la vida loca » et ne tient pas tellement à divulguer à quel gang il était affilié, précisant juste avoir grandi « dans South-East LA ». Il en a gardé quelques séquelles. Au moindre bruit, il jette de rapides coups d’œil alentour, un vieux réflexe qui le poursuit dans sa retraite. Depuis 2003, il s’est fait un nom à Hollywood grâce à sa petite agence de casting, Suspect Entertainment. Signe particulier : Suspect se spécialise dans le vrai gang-banger latino, qui n’a pas besoin de rentrer dans un personnage, ni de se barder de tatouages bidons. Sur les dix-huit acteurs que manage Manny aujourd’hui, la