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Critique

Quand l’urbanisme se mettait au vert

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Exposition. Hyères rend hommage à Lefèvre et Aubert, deux précurseurs d’une architecture paysage.
publié le 4 mars 2009 à 6h51
(mis à jour le 4 mars 2009 à 6h51)

Pour ceux qui imaginent que le littoral varois est entièrement saccagé par une urbanisation désastreuse, il faut absolument passer au domaine du cap du Gaou-Bénat, à Bormes-les-Mimosas. Sur 162 hectares, les architectes Lefèvre et Aubert ont construit, à partir de 1958, un ensemble de 600 maisons, individuelles ou réunies en villages, qui s’accrochent à la pente de la colline sans la détruire et qui se fondent dans la végétation méditerranéenne tout en l’intégrant presque dans leurs murs.

Cette démarche hédoniste et volontariste pour inventer «une manière de vivre ensemble dans un paysage naturel», où les habitations ne se gênent pas et ont souvent l'avantage d'être de petites restanques, est régie par des règles constructives et un collège d'architectes qui existent toujours.

Miracle.Pierres blondes de Bormes, toits-terrasses plantés et baies vitrées, ces bâtisses relèvent d'un habitat rural universel aux murs très épais, mais intègre la fonctionnalité et les ouvertures modernes. Du village des Fourches à une villa plus modeste, on se retrouve dans la forêt, au milieu des cactus, des mimosas en février, dans un lien permanent avec la mer. Ce petit miracle a subi depuis cinquante ans quelques affronts et dérèglements, comme parfois le désastreux crépi rose local, mais l'essence amoureuse des bâtisseurs subsiste.

C’est cette œuvre exceptionnelle et préservée que la Villa Noailles de Hyères exhume dans une exposition réjouissante fort pédagogique ; tout