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Libération
Critique

Alexander McQueen ou l’extase du clubber

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Prêt-à-porter automne-hiver 2009-2010. Hermès habille des aviatrices rétros et Louis Vuitton passe en revue des cocottes libertines.
publié le 13 mars 2009 à 6h53

Aux côtés des mannequins brindilles, blonds et sans saveur, la drag-queen peut-elle être une figure de mode ? Chez Alexander McQueen, sans doute. A voir les modèles défiler dans des tailleurs surdimensionnés époque New Look de Dior, bouche rouge grimaçante et platform shoes, les rédactrices de mode en ont perdu leur latin dès le début du show. Comment comprendre ces mannequins coiffés d'un abat-jour tressé de lanières de plastique à moitié cramées ou ces cannettes enserrées dans un petit sac-poubelle, portées comme des macarons de petites filles ? A rayures, à plumes, en papier bullé ou en harnais de cuir, les vêtements sont hors-norme, coupes, plis et volumes monumentalement exagérés. Une chose est sûre : c'est très beau, totalement étrange, parodique, assez morbide. Alors que deux anges de plumes, l'un blanc et l'autre noir, clôturent le défilé, la bande-son, remix des meilleures années house et jungle, s'achève sur les battements d'un cœur placé sous monitoring. Le long bip de la mort clinique retentit dans le noir de l'immense salle du Palais omnisports de Paris Bercy. Et si la collection, réalisée comme sous l'effet d'une ecsta, était une tentative impossible de joindre l'acmé de la création et le point ultime du clubbing, quand la jouissance frôle la mort ?

Sans jouer des mêmes vertiges, Hermès planait, lui, assez haut également au-dessus du niveau de la mer. Jean Paul Gaultier, le commandant de bord embarqua tous ses passagers pour un voyage dans l