Le destin a-t-il frappé à la porte de la cuisine moléculaire ? Banale salmonellose, manipulations technologiques ou vulgaire sabotage, la Grande-Bretagne bouillonne de conjectures depuis que son restaurant le plus célèbre, The Fat Duck, a dû fermer ses portes, sa clientèle emportée par un malaise collectif. Tout a commencé fin février, quand une quarantaine de clients se sont plaints d’avoir été pris de vomissements et de diarrhée après une soirée passée au restaurant de Bray (ouest de Londres, dans le Berkshire).
Couronné par le Michelin depuis 2004, The Fat Duck est un des trois seuls établissements trois-étoilés du pays. Depuis la création, en 2005, du jury international de professionnels et critiques qui distingue les 500 plus célèbres établissements de la planète, il est toujours arrivé second, derrière El Bulli de Ferran Adrià. Comme le chef catalan, Heston Blumenthal est un adepte fervent de la révolution culinaire sous l'effet de la chimie. Glace aux œufs et au bacon, sorbet à la sardine, porridge à l'escargot, bonbons aux testicules de taureau. Il a voulu reconstituer la recette d'Alice au pays des merveilles : dinde - caramel - crème anglaise - tarte cerise. Il a injecté de la mayonnaise dans des asticots… Lui ne veut pas entendre parler de «cuisine moléculaire», une expression pareillement rejetée par Adrià. Il se dit artiste du «design sensoriel». Rien n'échappe à son sens de l'humour et de la provocation, dans un pays très réservé. Crâne chauve, lu