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Libération
TRIBUNE

Heidegger, revu d’Amérique latine

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par Emmanuel Faye
publié le 17 mars 2009 à 6h53

Professeur de philosophie à l’université Veracruzana de Xalapa (Mexique), Julio Quesada fait partie de cette nouvelle génération de chercheurs qui ont su prendre en compte les intentions exterminatrices exprimées par Heidegger dans ses cours récemment publiés en allemand.

Dans son dernier ouvrage : Heidegger, l'acheminement vers l'Holocauste (1), il n'étudie pas seulement ses textes dits «politiques», mais aussi ceux considérés comme les plus «philosophiques» : premiers écrits sur Aristote, Etre et temps, Kant et le problème de la métaphysique. En remplaçant l'amitié, la philia aristotélicienne, par le «souci» entendu comme un «combat pour l'être», Heidegger détruit tous les liens de la sociabilité publique entre individus. Il n'existe plus d'autre individuation que la communauté de destin du peuple allemand, unie par la race. Julio Quesada montre de façon convaincante l'identité de pensée entre Heidegger conjuguant le souci et le combat pour l'être, et Hitler qui, dans le chapitre de Mein Kampf sur «Peuple et race», associe, lui aussi, le souci au combat. Les analyses de Julio Quesada retracent en outre la transposition heideggérienne, en 1935, de la géopolitique nazie et de l'antisémitisme le plus radical en un langage «métaphysique» destiné à donner au national-socialisme une redoutable légitimité.

Evoquant ses discussions avec Cuauhtémoc, l'un de ses étudiants mexicains, Julio Quesada s'élève contre la tentation présente en Amérique latin