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Libération

Levitt, d’œil new-yorkais

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Disparition. La photographe en solitaire des trottoirs américains est morte dimanche à l’âge de 95 ans.
publié le 31 mars 2009 à 6h51
(mis à jour le 31 mars 2009 à 6h51)

Helen Levitt est morte dans son sommeil dimanche 29 mars, à New York, sa ville natale, dont elle avait saisi la beauté avec son Leica. Elle avait 95 ans et n’avait guère changé sa philosophie de l’art de vivre en solo. Elle préférait s’occuper de ses chats, lire un bon policier ou jouer au gin-rami plutôt que de s’afficher au vernissage de ses multiples expositions.

La Fondation Henri Cartier-Bresson, à Paris, lui avait rendu un vibrant hommage en septembre 2007. Et son galeriste, Laurence Miller, avait alors souligné combien cette femme, réputée peu commode, était exigeante : «Helen est plus viscérale qu'intellectuelle. Elle n'a jamais eu aucun plan de carrière ni le moindre désir d'être célèbre, même si elle est reconnue comme un maître de la photographie. Elle est la doyenne des artistes de ma galerie.»

Intuition. Née le 31 septembre 1913 à Brooklyn, Helen Levitt abandonne tôt ses études. Premier job chez un photographe commercial, dans le Bronx, où cette fille d'immigrants se familiarise avec la chambre noire, avant de portraiturer les amis de sa mère. Choc en avril 1935, lorsqu'elle découvre les photographies d'Henri Cartier-Bresson, de Walker Evans et de Manuel Alvarez Bravo, accrochées à la galerie Julien Levy, sur Madison Avenue, au pied de Central Park. Dès lors, comme eux, cette autodidacte retiendra l'intuition comme matière première de ses photographies, mais s'abstiendra de toute incursion dans le photojournalisme. Par timidité, précisera