Les producteurs qui ont pensé à lui pour incarner Manolete, le torero andalou, ont eu raison : Adrien Brody a ce même visage taillé à la serpe. Les mêmes paupières lourdes et le même nez long qui pourrait complexer si tout l’équilibre du visage ne s’était pas articulé autour de cette arête aiguë, littéralement sexuée, clé même de son charme. C’est tout le personnage Brody qui s’est construit à partir de ce nez, alternant les profils différents. Parfois comique, mais d’un comique ahuri, désenchanté, comme sont comiques les cockers qui viennent quémander une caresse pour se faire excuser leurs conneries. La moquerie nonchalante. Et un profil racé, assurément. Sombre, acéré, séduisant, monstrueux d’élégance. Héros ou idiot. Ces deux profils avec lesquels il ne cesse de jongler. En dix ans, on l’aura vu porter dans ses yeux la solitude éperdue de ceux qui tentaient en Pologne d’échapper au nazisme (Le Pianiste). On l’a vu courir dans tous les sens, le cheveu impeccablement décoiffé, pour échapper à un gorille gigantesque et vengeur (King Kong). On l’a vu, la valise Marc Jacobs à la main, s’amuser des singeries de ses deux frères dans un improbable wagon traversant les Indes (A bord du Darjeeling Limited). On l’a vu défendre en tee-shirt rouge les plus démunis en communiquant avec fougue une fièvre altermondialiste (Bread and Roses). On l’a vu déguisé en idiot (Le Village). On le verra écarquiller les yeux devant les richesses infinies du futur dans un film de science-fiction (Sp
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Adrien Brody profil haut
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par Philippe Azoury
publié le 4 avril 2009 à 16h59
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