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Libération

Le Cap des grandes espérances

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Moins violente que Johannesbourg et Pretoria, la cité du bout du monde affiche une tranquillité branchée qui séduit les créateurs de tous poils. La génération post-apartheid y rêve d’une société métissée, même si la ville reste l’une des plus blanches du pays.
publié le 2 mai 2009 à 17h51

Avec son accent so british et ses manières parfaites, Shaun Webb semble un sujet de sa Majesté la reine d'Angleterre. Fines lunettes de créateur et pantalon clair, il adore évoquer son mariage célébré il y a deux ans. «?C'était le plus beau jour de ma vie, dit ce jeune blanc de 27 ans. Comme moi, mon mari est né au Cap, mais il vient d'une famille métisse.?» Aux oreilles des Français, le « my husband » prononcé par un homme surprend encore. Car à la différence de la France qui interdit le mariage entre deux personnes de même sexe, l'Afrique du Sud le reconnaît depuis peu. « La loi a été adoptée en novembre 2006, raconte Shaun. Un mois plus tard, nous nous mariions au Table Bay, l'un des hôtels les plus chic de la région. » Aussi bien comptable que créateur de bijoux, Shaun est le premier de sa famille à épouser un métis. « Quand j'étais enfant, ma mère ne m'a jamais caché, à la différence de nombreux petits blancs, la réalité des lois raciales. » Sans doute, Shaun et son mari symbolisent-ils cette nouvelle génération de jeunes Sud-Africains, enfants nés sous l'apartheid, et désireux, depuis la libération de Mandela en 1990, de construire une autre société. Leur ville est Le Cap, cette cité du bout du monde accrochée à la pointe ouest du continent africain. «?A la différence de Johannesbourg et de Pretoria encore gangrenés par la violence et la pauvreté, on peut se promener à pied dans le centre-ville durant la journée?», remarque Shaun. Malgré ses trois millions d'habitants,