Trois chasses à l’homme rythment l’Esclave libre de 1957. Dans la première, deux Noirs fuient pieds nus en haillons minstrel une meute de dogues et deux gardiens roses en armes. Les prétendants «marron» vite serrés, on les voit revenir se prosterner aux pieds (bottés) du maître en grande tenue blanche, qui, magnanime, fait grâce à ces «oncles Tom» écervelés de la rasade de coups de fouet qui eût dû payer leur présomption absurde à la liberté.
Le malsain l'Esclave libre de Raoul Walsh est une curiosité. En soi aberration kitsch, dont la connerie, l'irréalisme et la niaiserie de roman-photo sudiste le disputent à l'indécence clairement raciste sous les airs de débat moral et à l'approximation dramatique, psychologique ou historique, ce film, une des 200 raretés réputées de l'auteur de la Fille du désert (de 1947, autre rareté de ressortie), est après cela un spectacle haut en couleur, notamment par ses chorales negro spiritual évangéliques de carte postale monstrueuse ; mais aussi et surtout, bien malgré lui, un document impitoyable sur l'inconscient collectif abject du continent américain, pays barbare connu sous le nom d'Etats-Unis et se piquant de «droits de l'homme».
Les choses se passent au moment de l'effondrement du Sud profond. C'est l'heure des comptes : Clark Gable, le négrier repenti, archi ringard (photo), tient l'affiche avec Sidney Poitier, son «négrillon» en faire-valoir. Yvonne De Carlo, la vedette scandaleuse dans le rôle de l