La plus vieille université anglaise vient d’être le théâtre d’un spectacle peu glorieux. Après plusieurs semaines de compétition pour élire le nouveau titulaire de la chaire de poésie d’Oxford, Ruth Padel est devenue la première femme à occuper ce poste prestigieux, le 16 mai. Elle a fini la course largement en tête, avec 297 voix contre 129 pour le jeune poète indien Mehrotra. Si son score est aussi élevé, c’est parce le poète caribéen Derek Walcott, prix Nobel de littérature 1992, et grand favori jusqu’alors, s’est retiré de la course quelques jours avant l’élection.
Le motif ? Une petite centaine d'enveloppes a été envoyée aux universitaires d'Oxford. Chacune contenait un dossier détaillant des allégations de harcèlement sexuel dont Walcott a été accusé à Harvard et à Boston, aux Etats-Unis, dans les années 80 et 90, avec notamment des photocopies d'un «livre-enquête» de 1984 au titre plus qu'explicite : The Lecherous Professor («le professeur salace»). Trois jours après l'envoi de ces courriers anonymes, Walcott renonçait à sa candidature. Les soupçons se sont portés sur Padel dès que le Sunday Times a révélé l'envoi d'un mail par la candidate à deux journaux nationaux, rapportant les «inquiétudes» d'une étudiante au sujet de la possible élection de Walcott, et rappelant que c'était à cause de son passé trouble que l'écrivain n'avait finalement pas rédigé de poème pour l'investiture de Barack Obama… Elle qualifiait cette décision d'«injuste<