La Société du spectacle de Guy Debord sous verre. Trois carnets à spirale exposés non loin de l'Ecume des jours de Boris Vian et de la Vie de sainte Catherine, manuscrit enluminé du XVe siècle. Autour, dans le hall des Globes de la Bibliothèque nationale de France, plus de deux cents personnes, un verre de champagne Roederer à la main. Ce lundi soir, elles sont venues à un dîner destiné à financer l'acquisition des archives de Guy Debord. La France a refusé de les voir quitter le territoire et les a classées Trésor national (Libération du 16 février).
Un trésor, Debord… Sa veuve veillait jalousement sur l'intégrité du fonds depuis son suicide, en 1994. Méticulosité, souci de son destin posthume, le fondateur du situationnisme avait pris soin de trier et d'organiser la totalité de ses manuscrits, notes et correspondance avant sa mort. L'université américaine Yale les convoitait depuis deux ans pour son centre de recherche sur les avant-gardes. Debord conspuait l'Etat. L'Etat l'embaume. «Cette soirée relève de la société spectaculaire, reconnaît Jean-Claude Meyer, président du cercle de la BNF dans son discours. Une ironie et en même temps un grand hommage.»
Tartare. Dix-huit tables (baptisées Baudelaire, Toulouse-Lautrec, Debussy, Chateaubriand…) sont réparties sur toute la longueur du hall. La table vaut 6 000 euros, le couvert, 500. C'est le deuxième dîner qu'organise Bruno Racine, le président