Il y a toujours du sérieux chez un farceur. L’artiste belge ne fait pas exception. On a rencontré Wim Delvoye à Shanghai. Il ne rigolait pas trop. Interdite par la censure, son installation a été démolie : une fratrie affolée de cochons tatoués, pourchassés par de méchants petits loups à casquette. On le revoit à Venise, où il a dressé une flèche néogothique, à l’ouverture de la Biennale. De l’art ou du cochon ? Du trivial au sublime, le grand écart. Entre les deux, on est allé lui rendre visite chez lui, à Gand.
Il y a Wim-provoc. Dessinateur et concepteur binoclard dégingandé, il a vendu une peau humaine. Une première dans l'histoire de l'art, pourtant riche en effractions. Après s'être fait la main sur les cochons, il a décoré la partie dorsale de Tim, un musicien, qui est tenu de s'exposer quelques semaines par an. L'œuvre a été vendue à 150 000 euros. Mêlant Blanche-Neige, dragons, graphies et logos, les tatouages s'espacent sur des mois. Pour le cochonnet, il a fallu mettre au point un anesthésique ; il faut croire l'animal mal aimé, personne n'avait jamais songé aux moyens de l'opérer. Ils sont, jure l'artiste, traités dans le plus grand confort. La ferme a quand même été déménagée à Pékin, pour réduire les coûts, et éviter des réglementations sanitaires tatillonnes. Un critique d'art a évoqué le «devenir-animal», cher à Deleuze.
Quand un collectionneur achète un porcelet décoré, il pourra l’empailler : c’est une sculpture. Tendre la peau sur un cadre : c’est l