Chevelure de jais, bouche ourlée d’un rouge ardent et regard charbonneux. Pilar Albarracin femme fatale andalouse, l’image est éculée. Mais la plasticienne sévillane ne s’amuse-t-elle pas elle-même à détourner les clichés pour touristes en mal de Costa del Sol ?
A la galerie parisienne Georges-Philippe et Nathalie Vallois, elle reprend à sa manière les poncifs et l'univers kitsch véhiculés par les cartes postales en vente dans tous les bons kiosques à journaux de Marbella ou de Benidorm. Principales victimes de son imagination truculente : les flamencas. Ces belles Espagnoles au sourire figé, vêtues de robes à frous-frous. Des tenues faites de tissu collé sur le papier cartonné. Pilar Albarracin a sélectionné une dizaine de ces reproductions aux couleurs un rien défraîchies. Elle a remplacé les visages féminins par des photographies du sien. L'artiste aime se mettre en scène. «Entrer dans la peau de ces femmes m'aide à mieux les comprendre», explique-t-elle.
A travers la réinterprétation de lieux communs, elle ironise sur la gadgétisation du folklore. Sous l'apparente légèreté des installations se cache une critique plus acerbe de la société de consommation, qui semble s'accommoder d'une iconographie véhiculée et amplifiée sous le franquisme. «A l'époque l'image que l'on donnait à voir de l'Espagne se résumait aux clichés sur l'Andalousie. Ensuite, dans les années 80, l'Espagne se voulait plus moderne. Les cartes postales représentaient des barres d'immeubles sur