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Libération

Appels d’outre-tombe

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Les disciples du précurseur suédois Friedrich Jürgenson traquent les fantômes dans les ondes électromagnétiques.
publié le 30 juin 2009 à 6h53
(mis à jour le 30 juin 2009 à 6h53)

Le 12 juin 1959, Friedrich Jürgenson balade son micro dans la campagne près de Stockholm. En écoutant la bande enregistrée, il entend «un bruit, vibrant comme un orage», suivi d'«un solo de trompette» et d'une voix d'homme qui parlait en norvégien. Pour Jürgenson, pas de doute : ces voix étaient celles des morts. «Ce qui était sans doute de simples interférences radio, deviennent pour Jürgenson des messages de l'autre monde», estime Thibaut de Ruyter, un des commissaires de l'exposition à Dortmund.

Né à Odessa en 1903 et mort en 1987, Jürgenson a survécu à deux guerres mondiales, d'où sans doute ce désir d'entrer en contact avec des proches disparus. Il dédia sa vie aux EVP (Electronic Voice Phenomenon), ces «sons capturés par des moyens électroniques et qui ressemblent à des voix», affinant ses techniques de captation, fouillant le bruit blanc radiophonique à la recherche de ces voix polyglottes. Il fit de nombreux disciples dont Konstantin Raudive, Raymond Cass, et aujourd'hui encore, une communauté active s'y consacre, scrutant les fantômes dans les téléphones, les réseaux sans fil ou la neige des téléviseurs.

Au-delà du mystère de la «transcommunication», les EVP séduisent par leur esthétique. «L'oreille moderne, habituée aux expérimentations de la musique d'avant-garde, et son équivalent pop, la musique industrielle, peut écouter les EVP avec une intention et un désir autre que celui d'entendre les morts parler», estim